Une fois la conquête de la Gaulle achevée, le pouvoir impérial va au cours de la première moitié du premier siècle de notre ère, développer et optimiser le réseau de communications commercial Gaulois.

A l'embouchure du fleuve Rhône, en Arles, les négociants de produits méditerranéens chargeaient les bateaux qui durant une partie de l'année navigueront vers Lyon, le Nord de la Gaulle et le Limes Germain, en empruntant le Rhône, la Saône, le Doubs puis le Rhin.

Quand on regarde la carte des itinéraires fluviaux, potentiellement navigables, on se rend compte qu'un hiatus du chevelu hydrographique, d'une cinquantaine de kilomètres, empêchait le trait d'union navigable à la conjonction des bassins versants du Rhin et du Rhône. Pour palier à cet obstacle de communication, dix-huit siècles plus tard on creusera le "canal du Rhône au Rhin".

A Mandeure, "Epomanduodorum" aux confins du Doubs, près de Montbéliard, les marchandises sont déchargées sur des chariots pour suivre un itinéraire terrestre vers la capitale des Rauraques,

Augustaraurica, ou directement vers Cambete (actuel Kembs) sur le Rhin.

Le fleuve tumultueux rend impossible la navigation sur le Rhin entre August et Cambete et oblige l'implantation par les romains d'un lieu de transbordement, plus au Nord.

Les marchandises dirigées vers l'aval du Rhin, dans les villes romaines du Limes seront acheminées directement par la voie terrestre Mandeure-Cambete passant par Larga.

Au lieu choisi par Rome, sous l'Empereur Tibère, les romains construisent un quai de transbordement au milieu du fleuve vif, accessible par un pont aux basses eaux, dont Jean-Jacques Hatt, (Photo ci-contre) décrira les vestiges découverts en 1950, lors du creusement du Grand Canal d'Alsace.

Qui dit rupture de charges, dit contrôle des marchandises, donc possibilité de créer un impôt par Rome et permettra le développement de la petite localité de Cambete, sous l'autorité de l'Armée Romaine.

Pour l’implantation du site, les ingénieurs vont se servir de la terrasse dite moyenne, au débouché de la route de Sierentz et qui supporte aujourd’hui le lotissement des « Bateliers ».

De part et d’autre de la voie romaine qui bifurque vers le Nord, superposée actuellement par la rue de Prés, s’implante au premier siècle de notre ère un quartier résidentiel, artisanal et commercial.

Une grande maison que nous avons dénommée « Domus » est dotée d’un portique de 24 mètres, soutenu par des colonnes maçonnées en brique et qui permet l’accès à deux grandes pièces qui s’ouvrent par une largue baie. Ce bâtiment de 660m2 au sol est pourvu d’un espace commercial donnant sur la voie, d’un habitat privé à l’étage et d’un établissement thermal, excentré, pour limiter les risques d’incendie. Cette grande et belle maison devait appartenir à un riche négociant qui avait certainement des fonctions politiques auxquelles s’attachait une clientèle.

A l’Est de la « Domus » de l’autre coté de la voie, vers le Nord, s’organise un quartier artisanal d’une dizaine de grands bâtiments perpendiculaires, d’une superficie de 900m2 chacun est construits en pans de bois.

Sur la terrasse supérieure, au débouché de la voie venant de Mandeure, surplombant le Vicus est édifié au milieu du premier siècle, le Praetorium. 

Ce grand bâtiment de 2400m2, doté de 40 pièces et d’un complexe thermal à proximité, est tenu par l’armée romaine.

Cet édifice sert à la fois de casernement pour la troupe en charge du contrôle du Vicus douanier et se transforme en auberge étape pour les dignitaires du pouvoir et les gradés de la légion.

La maquette exposée représente les thermes romains avec un système de chauffage au sol appelé hypocauste.

Sur l’arrière des thermes on alimentait un foyer au bois et la chaleur circulait sous le plancher. C’était l’avènement du plancher chauffant.

Cette cave romaine retrouvée chez un habitant dans le quartier des bateliers est la réplique de la cave mise à jour  par les archéologues lors des fouilles de Kembs.

Celles-ci ont permis de mettre en évidence  des ventaux et une niche pour y déposer des poteries.

Sur les photos des fouilles présjés dans cet espace, on distingue également un puit.

A la fin de l’étude archéologique de cette découverte, la cave a été ensablée pour la conserver intacte pour les générations futures.

Plusieurs vitrines sont exposées dans cette esace romain, le thème de la céramique est présenté avec des poteries des 1ers et 2èmes siècles après Jésus Christ.

En haut, les sigillés fabriqués dans le Sud de la France: ce sont des poteries très travaillées avec des décors très fins. Les céramiques grises résistent à la chaleur et pouvaient aller au feu.

Dans cette vitrine également  divers contenants : cruches,  gobelets et jattes. Des ustensiles culinaires de la vie courante des romains y sont également déposés.

Tous les objets originaux exposés dans les vitrines de la maison du patrimoine sont le fruit des recherches archéologiques effectuées sur le site romain de Cambete par le CRAS dans les années 1990.

Cette vitrine est consacrée en grande partie  aux  pièces romaines découvertes sur le site de Cambete notamment  4 pièces d’or.   

Sont également exposées des fibules, l’ancêtre des épingles à nourrice.  C’est avec ces fibules  que les romains attachaient leurs toges.

Certaines fibules sont réalisées avec beaucoup de finesse.

Ci-contre, une réplique de la tenue d’un légionnaire romain exposée dans la maison du patrimoine.

Les légionnaires se déplaçaient à pied et devaient porter environ 40 à 50 kg de matériel et leur tente en plus de leur tenue. 

Pour information, une tente abritait 6 légionnaires romains et chacun d’eux devait en transporter une partie: toile, piquets...